TABLEAU HISTORIQUE DES HAUTES-ALPES


SAINT-JULIEN-EN-BAUCHAINE. (SAINT-JULIEN-EN-BAUCHÊNE)

- État ecclésial:

- Dès 1116, la paroisse de Saint-Julien en Bauchaine était sous le vocable du saint dont elle porte le nom. Elle fut donnée en 1166 par l'évêque de Gap, et en 1204 par le prieur de Saint-Marcel de Die, aux Chartreux du Durbon, qui furent, depuis lors, collateurs de la cure et décimateurs de la paroisse
- A la fin du XVIIe siècle, un vicaire y fut créé.
- Un acte de 1344 qualifie de paroisse le hameau de Beaumugne; je ne connais pas d'autre document qui lui attribue cette qualité.
- Saint-Julien faisait partie de l'archiprêtre du Gapençais.
- Le 28 octobre 1116, les familles Albuin et de Beaudinar, qui possédaient une notable partie du territoire du Bauchaine, donnèrent à l'ordre des Chartreux une vaste terre couverte de forêts et nommée Durbon. Cette donation fut approuvée par Léger II évêque de Gap, et son clergé, qui se dépouilla, en faveur des Chartreux, de tous les droits qu'il pouvait posséder soit comme dîmes, soit comme juspatronat dans le territoire de Saint-Julien. En 1204, l'église de Saint-Julien fut entièrement soustraite à la juridiction du prieur de Saint-Marcel de Die, auquel elle avait appartenu jusqu'alors, du moins en partie.
- Une colonie de moines conduite par dom Lazare vint se fixer dès 1116 à Durbon, et y construisit deux monastères, l'un dans la plaine et l'autre dans les hauteurs, et deux chapelles dédiées à Notre-Dame et à saint Jeain-Baptiste.
- La Chartreuse reçut une foule de donations, fit beaucoup d'acquisitions dans les deux vallées du Buëch, et reçut un grand nombre de privilèges, parmi lesquels il faut signaler ceux de Frédéric 1er empereur, du 15 août 1178, de Raymond V, comte de Toulouse, vers 1163 et en 1184, d'Isard, comte de Die, 1149 et 1166, de Guillaume, comte de Forcalquier, vers 1171 et le 2 novembre 1174, de Roais, fille du comte de Die, en 1176, d'Alfonse, roi d'Aragon, en février 1183, de Guillaume d'Orange, en 1181, de Taillefer, dauphin de Viennois, en 1183, enfin d'une foule de papes, de cardinaux et de prélats.
- Des chapelles furent fondées dans leur église, le 26 juin 1310, par Jacques Bonet, et le 28 septembre 1317, par Marcel Mercier. Les Chartreux se livrèrent à l'agriculture et à l'industrie, desséchèrent les marais de Luc-en-Diois, exploitèrent une mine de fer, à Mens, créèrent des hauts-fourneaux dans leur ferme de Rioufroid. Ils n'eurent pas trop à souffrir des guerres de religion; en 1789, ils possédaient environ 20,000 livres de rente. Les archives de Durbon sont encore à peu près intactes dans celles du département des Hautes-Alpes, sauf le cartulaire qui appartient à M. Amat, à Gap.
Voici la liste des prieurs de Durbon:

- En 1448, les Chartreusines de Berthaud (voir. à Rabou), après l'incendie de leur monastère, vinrent demander asile aux Chartreux de Durbon on les installa, en 1467, dans la maison supérieure de Durbon, elles y demeurèrent jusqu'en 1601. A cette époque, elles furent définitivement supprimées à la suite de représentations faites par l'évêque de Gap, sur les inconvénients et le scandale même de cette cohabitation. Leurs biens passèrent entre les mains des Chartreux de Durbon; mais cette suppression n'eut pas lieu sans difficulté et elle donna lieu à plusieurs procès.

Administration et Justice:

- Comme à Agnielles, Les Chartreux avaient une juridiction particulière qui s'exerçait à Gap, avec appel au vibailli autrefois cette juridiction avait eu une certaine importance.
- En 1326, en vertu de l'acte par lequel il prenait sous sa protection la Chartreuse de Durbon, le comte de Provence prétendait que la juridiction supérieure de Durbon et du Bauchaine lui appartenait et que les appels des tribunaux locaux devaient être portés au bailliage de Sisteron.

État féodal:

- Jusqu'en 1116, la plus grande partie de la seigneurie de Saint-Julien-en-Bauchaine appartenait aux familles Albuin et de Beaudinar
- dix-neuf membres de ces familles concoururent à l'acte de fondation de la chartreuse de Durbon et se dépouillèrent d'une partie de leur fief en faveur de ce monastère. Des acquisitions postérieures rendirent les Chartreux maîtres de presque tout le surplus. Cependant le haut domaine, appartint toujours aux seigneurs du Bauchaine ainsi que la seigneurie des hameaux de Beaudinar et de Beaumugne : le premier appartenait, en 1381, à Alarde de Leycharène qui payait une obole d'or au Dauphin pour droit de sauvegarde ; le second fut hommagé, en 1350, par Reynaud Artaud de Montauban. Ils tombèrent, au XVe siècle, dans la baronnie de Saint-André. La maison forte de Montamat eut également, jusqu'au xve siècle, des seigneurs particuliers qui en portaient le nom:

  • - Richaud de Montamat vivait en 1028
    - Guillaume, 1116
    - Hugues, son fils, 1116
    - Arnoul, Raymond et Jordan, 1177
    - Rostaing et Humbert 1241
    - Guigues, 1280
    - Pierre et Hugues, 1291-1339
    - Pierre, 1380
    - Raymond, 1390
    - Les Chartreux de Durbon acquirent, vers cette époque, cette terre.
  • Histoire:

    Pendant deux siècles et demi, de 1250 à 1500, les contestations surgirent à chaque instant entre les seigneurs de Montmaur et l'abbaye de Durbon, relativement à certains territoires contestés entre les deux parties. Ces conflits furent encore aggravés par l'ingérence des comtes de Provence et des Dauphins dont chacun prétendait posséder la juridiction de cette contrée. Reynaud de Montauban, seigneur de Montrnaur, fut excommunié vers 1280, des sentences furent prononcées contre lui et ses successeurs, à plusieurs reprises, notamment en 1303 et 1316. Ces luttes ne prirent fin que par la lassitude des deux partis.

    Armoiries:

    - Au XIIIe siècle, le sceau de Durbon représentait un buste de saint Bruno, de face ; au XVIIe siècle, les armoiries suivantes furent adoptées : d'or à la croix ancrée de gueules, avec la devise : DVRA BONIS SED VTILIS.

    Bibliographie:

    - CHARRONNET (Ch.). Monastères de Durbon et de Berthaud, diocèse de Gap. Documents historiques. Grenoble, Merle, s. d., in-8o - Rom- N (L) Le cartulaire de Durbon (1116-1216) (Notices et dissertations, publication de la Société de l'Histoire de France, 1881, in-8-, p. 101).

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